Le grain de blé et le laboureur

Le grain de blé et le laboureur

Je suis le laboureur Je vis dans une ferme, remplie d’animaux et d’Hommes. Un mélange des genres et des couleurs. Il y règne une odeur forte, agréable, celle qui me rappelle le foin qui sèche en été sous le soleil de plomb.

Mes mains sont larges et puissantes, elles embrassent le monde, elles travaillent la terre, elles sont massives et abimées. Creusées de gerçures, ridées, mais puissantes.  C’est normal en travaillant la terre de les abimer. Les aléas du temps les rendent même plus fortes, comme une écorce épaisse de vieux chêne protège le tronc. Mes doigts sont grossiers et maladroits, mais je suis celui qui travail la terre, celui qui nourrit, celui qui aime. Je suis le protecteur, je suis le sage. Mes mains ne font jamais mal, jamais je n’ai levé la main sur un corps vivant. Jamais je n’ai abattu la colère pour punir ou me venger. Je crois d’ailleurs que cela me ferait plus mal à moi qu’à l’autre. Bien sur je détruis le grain de blé quand je le coupe et quand je sème : mais la mort est parfois nécessaire à la vie…

Le grain de blé qu’on a mis en terre donnera plusieurs épis, ainsi la mort du grain de blé entraine un foisonnement de la vie. Ainsi va la mort et ainsi va la vie : nous sommes des bâtisseurs de la vie. Parfois il faut détruire un peu pour semer un champ entier. Il en va de même pour ma propre mort, et je l’accepte. Ma vie et ma mort ne sont qu’une étape, une évolution vers quelque chose de beaucoup plus grand et beaucoup plus beau que moi. Je cultive donc l’amour et la vie comme je cultive mon champ de blé. Je ne prends à la terre que ce qui est nécessaire pour nourrir ma famille, et je cultive suffisamment pour renouveler les champs de blés.

Je donne tout mon amour de la vie à mes enfants mais aussi à tout mon entourage et à l’univers tout entier. En faisant cela, je semé un peu de mon corps, et j’organise ma propre mort, comme on pourrait organiser sa réincarnation. Chacune de mes actions dans ce monde contribue à développer l’amour. Je n’ai aucune peur de la mort, j’ai juste peur de mal organiser ma vie dans l’instant présent. J’ai déjà fait des erreurs par le passé. Mais je ne suis qu’un simple laboureur, je fais mon travail du mieux que je peux. A ma mort, tout l’amour que j’ai semé au cours de ma vie sera encore présent.  J’emporterai avec moi une partie de mes proches, et mes proches emporteront avec eux une partie de moi. Ainsi toutes les énergies que j’aurai construites de mes mains, chacune de mes actions passées, aura un impact sur l’univers. Il s’agit en quelques sorte d’une réincarnation.

je ne crois pas qu’il faille craindre la mort. Je crois qu’il faut simplement avoir peur de ne pas semer l’amour.

SC

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